Une campagne électorale et un second tour hors norme

Lu sur la page facebook de Patrick ALLEMAND le 11 juin 2020.

Il y aura sans doute un avant et un après, mais là, il y a un « maintenant ».

Le 15 mars, le premier tour s’est déroulé dans des conditions irréelles. L’organisation du scrutin s’était accompagnée de mesures barrières, avec un filtrage des électeurs à l’entrée, une distance physique minimale, le lavage des mains avec du gel hydroalcoolique et la recommandation de venir avec son propre stylo pour l’émargement. Toutes ces contraintes ajoutées à la peur ont abouti à un taux d’abstention sans précédent, notamment sur la ville de Nice.

Personne ne doute que ces dispositifs seront reconduits pour le second tour qui se déroulera le 28 juin. Au contraire, le dispositif sera encore plus contraignant. A priori, les électeurs et électrices, devront impérativement porter un masque (qui pourra être un masque grand public selon le ministre de l’Intérieur) afin de pouvoir voter.

Les responsables des bureaux de vote aussi devront toutes et tous porter des masques chirurgicaux tout au long de l’opération de vote, tout comme les scrutateurs au moment du dépouillement. Il est déjà difficile de trouver des scrutateurs en temps normal, alors là…

Concernant la campagne électorale ensuite. Les candidats au second tour ont cinq semaines pour faire campagne au lieu des cinq jours traditionnels séparant le premier tour du second. Nous sommes là en pleine théorie. Lequel ou laquelle d’entre vous a le sentiment d’être dans une période de pleine campagne électorale.

C’est en fait le Conseil scientifique qui fixe le tempo car personne n’a envie de se retrouver devant les juges à cause de cette pandémie dont on sent qu’elle va de plus en plus se judiciariser. Or, le Conseil scientifique a clairement indiqué que cette campagne devait être profondément modifiée.

Exit les équipes de Vardon douchant les pare- brises,

Exit les équipes d’Estrosi faisant du porte à porte,

Exit les salariés de Nice Écologique touchant les usagers du tram à la sortie des stations.

Exit la tenue des meetings, des réunions publiques ou encore des distributions de tracts sur les marchés.

En même temps on rouvre les lieux de cultes mais cela fait longtemps qu’il ne faut plus chercher de cohérence dans tout cela.

Le président du Conseil scientifique a indiqué que la campagne électorale devrait être totalement différente de ce qui s’est pratiqué jusqu’à maintenant. Nous entrons dans une nouvelle ère, l’ère des campagnes électorales 2.0. Les candidats et les militants sont donc invités à privilégier les outils numériques. Ils devront s’adapter.

Alors, pour éviter que ce second tour soit un immense flop démocratique, le gouvernement fait le pari des procurations. Les conditions pour recourir à une procuration devraient être assouplies. Mieux, le Conseil scientifique recommande au gouvernement de prolonger la validité des procurations qui avaient été établies en vue du second tour annulé du 22 mars dernier. Le vote dans les EHPAD devra faire l’objet d’une attention toute particulière car ces personnes sont vulnérables mais également …influençables.

Bref, la campagne d’entre-deux-tours aura une dimension inédite et les partis politiques sont invités dans l’urgence à revoir profondément le format de leurs actions et leurs modes.

S’agit-il là d’une modification conjoncturelle ou structurelle ? Les prochains mois, avec les campagnes départementales et régionales, nous livreront la réponse.