Covid : ce qui se passe à Nice est de notre faute et pas de celle des touristes
Si nous avons sur Nice le taux d’incidence le plus fort de France, 751/100 000, soit trois fois le seuil d’alerte maximal fixé à 250/100 000, ce n’est pas la faute des touristes mais la nôtre.
Trop de messages ou d’injonctions contradictoires ont été délivrés à nos concitoyens.
Comment peuvent-ils comprendre que l’on autorise un concert public avec plus de 5 000 personnes sur le quai des États-Unis pour applaudir The Avener alors que l’ensemble des concerts est demeuré interdit ?
Comment peuvent-ils comprendre que l’on accueille pendant trois jours le Tour de France alors qu’on interdit d’autres compétitions de plein air et notamment les compétitions de course à pied ? Et qu’on laisse se faire des attroupements aux arrivées ou en haut des cols mais que par ailleurs on ferme toujours les stades aux supporters ?
Comment peuvent-ils comprendre que les salles de cinémas ou de théâtres demeurent fermées alors que ce sont des espaces clos, mais qu’on laisse la population s’entasser dans les trams bondés, ces derniers étant des espaces clos où on ne peut pas respecter les gestes barrières exceptés le port du masque ?
Comment peuvent-ils comprendre que l’on démonte les chaises bleues sur la Promenade des Anglais sous prétexte que des personnes âgées prenant le soleil en regardant la mer diffuseraient le virus et que par ailleurs, on ferme les yeux, sur ce qui se passe dans la coulée verte où parents, enfants et promeneurs s’entassent, jouent, toussent et se touchent ?
Comment peuvent-ils comprendre la pression qui a été mise sur les fêtes de fin d’années pour laisser ensuite chacun faire les soldes, notamment les samedis, dans les conditions où elles se sont déroulées ? Dans certains magasins, on ne pouvait pas essayer les vêtements, aux Galeries Lafayettes, oui. Dans certains magasins, un nombre maximal de clients était affiché mais personne ne comptait, dans d’autres, oui. A partir du moment où les pouvoirs publics ont laissé se dérouler les soldes comme s’il n’y avait pas de pandémie, il est normal que les citoyens en arrivent à sous-estimer son danger.
Ces incohérences ont fini par nous désorienter et provoquer des relâchements successifs.
De la même manière, les décideurs ont totalement intégré la ségrégation territoriale qui sévit dans cette ville. Les polices nationales et municipales sont principalement présentes en centre ville, sur les axes les plus fréquentés comme Jean Médecin ou la Promenade. Mais, à mesure que l’on s’éloigne du centre, la police se fait plus rare pour les contrôles.
Et dans les quartiers, il n’y a quasiment aucun contrôle. Aussi, ce n’est pas un hasard si les endroits où les taux d’incidence explosent sont les quartiers de l’Ariane, des Moulins et de Bon Voyage. Ce ne sont pourtant pas les lieux les plus fréquentés par les touristes ! C’est une terrible erreur de ne pas avoir porté, dès le départ, l’effort sur ces secteurs et les avoir laissés partir à la dérive. Parce que la pandémie de la Covid, c’est comme le nuage nucléaire de Tchernobyl, elle ne s’arrête pas aux portes de la ville, au pont Garigliano.
En tout cas, désigner les touristes comme bouc-émissaires pour s’exonérer de sa propre responsabilité m’apparaît comme un procédé détestable et désobligeant vis-à-vis de ces gens qui, depuis des décennies, viennent à Nice et font vivre nos restaurants, nos hôtels et une grande partie de notre population.