Nice, le théâtre, l’Acropolis
Tribune libre de Jean-Jacques Palos
Comme toutes les villes littorales, Nice est une demi-ville ! Non, ce n’est pas une critique ! Bien au contraire, puisqu’une moitié de la ville s’arrête à la Promenade des Anglais et se prolonge par la baie des Anges, avec la mer qui certains jours nous montre ses deux bleus ; certains en voient plus, d’autres des nuances de vert. Mais les goûts et les couleurs….
Nice est une demi-ville dont l’extension côté terre est, en plus, limitée par un relief marqué de collines pentues et de vallées encaissées. C’est dire que la circulation y est plus facile près de la mer, dans une étroite bande plate d’à peine quelques centaines de mètres de large. Les zones plates sont tellement rares, que le Paillon, petit fleuve côtier qui est presque à sec une grande partie de l’année, a été recouvert pour en faire des jardins ou y construire des bâtiments publics : le théâtre et le Musée – le MAMAC – dessinés par l’architecte Yves Bayard, la bibliothèque, dont les locaux administratifs – la tête carré – sont l’œuvre de Sacha Sosno et de Bayard. Cette succession de bâtiments remarquables est prolongée, toujours en remontant le Paillon, par le centre de congrès Acropolis, qui me fait penser à un navire immobile, par le palais des expositions et par le lycée Apollinaire. Au-delà, le Paillon est encore libre et sauvage.
La démolition heureuse du parking et de la gare routière, construits sur le Paillon entre la place Masséna et le théâtre, il y a une dizaine d’année, a permis d’avoir un espace vert, artificiel certes, mais bienvenu dans ce cœur de ville. La coulée verte était née ; c’était une bonne chose.
Cette coulée verte s’intègre bien, en définitive, dans cette occupation du lit du Paillon. Tout allait bien jusqu’au jour où elle devint avide de croissance ! La coulée verte, tel un monstre, voulait se développer, voulait remonter le Paillon, engloutissant au passage, le théâtre, et l’Acropolis.
N’ayez pas peur ! C’était un cauchemar.
Vous pouvez vous réveiller ! Rien de grave. Bien sûr qu’on ne va pas démolir le théâtre, le TNN, inauguré en 1989 ; il est jeune, à peine 32 ans, et son amortissement financier n’est même pas encore terminé ! Bien entendu qu’on ne va pas non plus démolir ce vaisseau immobile qu’est le centre des congrès inauguré, lui, en 1985. Ces deux bâtiments nous sont précieux et utiles, dans des genres différents.
N’ayez plus peur. Nous les garderons !
Post Scriptum : comme vous aimez les histoires, je vous raconterai bientôt celle de la voie rapide. Attention ! Là, ça fait vraiment peur.
Nice le 19 mars 2021
Jean-Jacques Palos