Aller vers une ville durable (Projet municipal – 1)
C’est la première partie du projet qui a été présentée lors d’une conférence de presse le 8 janvier 2020.
Aller vers une ville durable
en luttant contre l’étalement urbain, en préservant les terres agricoles et en changeant les comportements
Nous avons décidé de rendre publiques nos propositions pour faire de Nice une « ville durable ». Tout simplement parce que nous sommes à 10 semaines des élections et que le débat municipal, la confrontation des idées, des projets, ne démarrent pas. L’absence de déclaration de candidature du maire sortant, qui la retarde au maximum, est en train de priver les Niçoises et les Niçois du débat et de la campagne municipale. Ce n’est pas à lui de fixer le calendrier à sa convenance. Nous sortons nos propositions pour provoquer ce débat à partir de propositions concrètes.
Introduction
Les Niçois, comme le monde entier, regardent avec effroi les incendies hors de contrôle détruire l’éco système de l’Australie.
Au même moment, on apprend que le mois de décembre 2019 a été le plus doux jamais enregistré à Nice.
Parallèlement, une polémique s’empare de Nice : faut-il interdire les chauffages en terrasses ?
Cette polémique est révélatrice à la fois :
de la conscience commune de l’urgence climatique et de la nécessité de mesures radicales : il est temps d’agir avec des mesures fortes.
de la peur qu’inspirent ces mesures qui remettent en cause nos habitudes de consommation et peut-être nos économies.
Mais, la question est de savoir pourquoi une mesure symboliquement aussi forte que l’interdiction de chauffages des terrasses est possible à Rennes, envisageable à Bordeaux mais si difficile à Nice.
La réponse est simple : A Rennes, ce n’est pas une mesure d’urgence. C’est une mesure qui est l’aboutissement d’un engagement fort pour le développement durable pris depuis de longues années. Il y a des pôles de santé, une information transparente avec des mesures de surveillance de la qualité de l’air, notamment pour l’ozone, le dioxyde d’azote et les particules. Et bien d’autres mesures comme les mesures spécifiques pour les véhicules ayant la vignette « Crit’Air », des jardins familiaux et partagés en quantité, le contrôle des fumées du crématorium, etc.
Le résultat, c’est que les citoyens rennais, les commerçants rennais, les consommateurs rennais sont préparés. Ils sont prêts à se passer de chauffage sur les terrasses et la municipalité peut interdire le chauffage sans que cette mesure soit perçue comme punitive. Elle est au contraire perçue comme positive.
Pourquoi la polémique a été aussi vive à Nice ? Tout simplement parce que les Niçois n’ont absolument pas été sensibilisés à ces questions. De ce point de vue, la dernière réponse de Jean-Marc Giaume qui explique qu’il s’engage, pour lutter contre le réchauffement climatique, à équiper toutes les écoles de climatiseurs est « exceptionnelle ». Depuis des années, la Ville se contente d’effets de communication. On se croirait revenus dans les années 60.
Nous allons changer la conception de la ville. C’est la nécessité, la raréfaction du foncier et les enjeux liés aux changements climatiques qui nous l’imposent.
Un bilan calamiteux
Depuis un demi-siècle, Nice s’est développée de façon anarchique en occupant des espaces pour y loger à la périphérie les plus modestes, et sur les collines les classes moyennes-supérieures. Nous payons aujourd’hui cette urbanisation incontrôlée et le mitage des collines par un réseau de voirie collinaire inadapté aux flux de circulation, difficile à desservir en transports en communs et vulnérable aux changements climatiques (inondations, éboulements).
Le bilan est catastrophique : 2ème grande ville de France la plus polluée, 500 décès prématurés par an à cause de la pollution et une ville totalement dépendante. Nous ne sommes qu’à 2 % d’autonomie concernant l’autonomie alimentaire et à 8 % concernant l’autonomie énergétique.
Repenser le rapport à la nature et sa place dans la ville.
Pendant 15 ans, on a pensé que la smart city permettrait de régler tous les problèmes urbains qui se posent à une ville moderne, que la gestion de la ville serait plus efficace et que le pilotage des infrastructures serait meilleur.
Désormais, personne ne peut affirmer que la smart city sera la solution face aux problématiques de changements climatiques car le numérique est une source d’émission de gaz à effet de serre très importante. Or, si le numérique peut relever les enjeux climatiques, les résultats dépendent des comportements individuels.
Face à ce modèle numérisé et très descendant, Nice au Cœur porte une autre vision de la ville, une ville durable plus horizontale, partant de la base et fondée sur la collaboration, la coopération entre les Niçoises et Niçois. C’est une ville où la matière première serait l’échange citoyen, une ville intégratrice et citoyenne, inclusive des populations fragilisées.
Il s’agit d’une vision certes planificatrice mais plus libérale. Nice au Cœur ne porte pas une vision de son développement urbain qui soit le résultat de la mondialisation, à savoir une métropole semblable aux autres. Nous voulons rétablir l’esthétique et donner envie aux nouvelles générations de grands architectes de signer à Nice, des créations, car ce sont eux qui concourent à la mise en scénarii des futurs urbains, comme dans le cadre de l’EPA de la Plaine du Var. Ce n’est pas facile car en général, les ZAC imposent un volume, une hauteur, une densité. Ce sont des contraintes qui se rajoutent aux contraintes géographiques, historiques et culturelles des lieux auxquels nous sommes attachés. Il faudra désormais ajouter des contraintes environnementales.
La ville doit se fixer des objectifs d’évolution. L’organisation des territoires ne peut se faire qu’une fois les objectifs de la ville établis.
Prendre des décisions d’ordre territorial
Il y a des décisions à prendre d’ordre territorial. Si nous ne le faisons pas, la ville va continuer son développement anarchique. Il n’y a plus d’entrée de ville dans la Plaine du Var. Le panneau Nice ne correspond à rien au niveau urbanistique. Une ville, ça bouge. C’est la raison pour laquelle Nice au Cœur s’engage sur 21 propositions, dont deux mesures phares :
1. Un plan global de rénovation énergétique des écoles.
La rénovation énergétique comprend à la fois l’isolation des bâtiments et la production d’électricité, les toits des écoles, comme les toits des autres bâtiments publics, ayant vocation à accueillir des installations de panneaux photovoltaïques. Ce sera le véritable chantier de ce début de siècle.
Le Maire sortant se plaît à dire que le chantier de la ligne 2 du tramway a été le plus grand chantier de l’histoire de Nice. C’est surtout une vision techniciste, qui définit la grandeur d’un chantier en fonction de ses prouesses techniques. C’est une vision complètement dépassée.
Le grand chantier du siècle sera le chantier qui conduira les Niçoises et Niçois vers l’exemplarité éco-énergétique. Ce sera le chantier de la rénovation énergétique des écoles.
Le constat sur l’état des écoles a déjà été fait. C’est une catastrophe. On n’en est pas à la situation marseillaise mais il n’y a pas de quoi se vanter.
Contrairement à ce que dit Jean-Marc Giaume, l’enjeu n’est pas d’installer des climatiseurs dans les écoles mais de faire en sorte qu’à moyen terme, il n’y ait aucun chauffage et aucune climatisation dans les écoles niçoises.
L’enjeu est énorme. Nice, c’est 30.000 enfants scolarisés, 154 écoles, 600.000 m² de surface. Sur 600.000 m² de bâtiments scolaires, combien sont des passoires énergétiques ? Combien de parents ont entendu leurs enfants se plaindre de la chaleur en été ? Combien de climatiseurs, Jean-Marc Giaume va t’il promettre ? Nous ferons réaliser un audit énergétique général de tous les établissements scolaires. Une première estimation laisse penser qu’environ 50 à 70 % des surfaces des bâtiments scolaires devront recevoir des travaux de rénovation énergétique. Soit, un chantier d’environ 300.000 à 400.000 m². 300.000 m², c’est grosso modo le double de Nice Meridia !
(Pour mémoire, Nice Meridia : 130.000 m² de bureaux + 40.000 m² de logements + 27.000 m² de commerces).
Une ville durable doit aussi créer de l’emploi durable. Nous prendrons appui sur ce chantier pour créer une véritable filière de l’éco-bâtiment à Nice par cette addition de petits chantiers qui nécessiteront des emplois et contribueront au développement économique.
Avec Nice au cœur, les écoles de la République seront des écoles zéro carbone et les écoliers deviendront les éco-citoyens de demain.
2. Un plan global vers le « zéro déchet » (31 mesures contenues dans l’annexe).
Nice au Cœur s’engage aussi sur 19 autres propositions :
3. Commander une grande étude refondatrice qui nous montre le chemin pour parvenir à ne plus importer et à l’autonomie alimentaire en 15 ans. Une étude qui prenne en compte non seulement la Plaine du Var mais également les zones inondables par les vallons, et les restanques délaissées à transformer en zones agricoles.
4. Sanctuariser les terres agricoles au delà de Saint-Isidore. Or, à Lingostière pour le moment, ce sont les grandes surfaces qui s’agrandissent.
5. Préparer un plan de développement de l’agriculture péri-urbaine financé par l’Europe et la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) qui ouvre la porte aux financements de l’agriculture péri-urbaine.
6. Mettre en place un Projet Alimentaire Territorial qui aura pour objectif de développer l’agriculture locale, de réduire les mécanismes de gaspillage alimentaire, d’encourager l’ensemble des initiatives visant à créer des secteurs d’agriculture urbaine.
7. Lutter contre l’étalement urbain, qui favorise le développement des cités et des banlieues. Il faut arrêter l’étalement, pas le développement urbain. La croissance doit désormais se passer à l’intérieur de la ville et en fonction de l’existant. Il faudra inventer partout où c’est possible un présent en continuité avec le passé.
8. Réaliser une thermographie aérienne de la ville pour identifier les pertes de chaleur dégagées par les toits de Nice et pour poser le diagnostic énergétique.
9. Elaborer un plan de rénovation énergétique des bâtiments où Nice s’inscrira dans le « European Green Deal » sur un de ses 4 axes : rénover l’habitat pour réduire les coûts énergétiques et accéder aux 100 milliards d’euros affectés par l’union européenne pour la « juste transition ».
Cela passera par la mise en place d’une agence métropolitaine de tiers financement pour la rénovation des bâtiments. L’agence avancera aux copropriétaires les sommes nécessaires à la rénovation et le remboursement sera effectué par les économies d’énergie générées, sans augmentation de charges. Le tout sera garanti par la banque européenne d’investissement via le plan Junker.
10. Traiter en priorité la modernisation énergétique du parc social des bailleurs sociaux.
11. Créer une aide de la métropole complétée éventuellement par les communes pour inciter particuliers, professionnels, conseils syndicaux pour les copropriétés, à réaliser des travaux d’économie d’énergie.
12. Lancer l’opération « le secteur public donne l’exemple » et prévoir un plan d’isolation de tous les bâtiments publics, écoles, restauration scolaire, bâtiments des services municipaux et métropolitains, ateliers municipaux, équipements sportifs.
13. Aller vers l’autonomie énergétique alors que nous ne sommes qu’à 8 % d’autonomie grâce à l’énergie solaire. la question de l’autonomie énergétique doit être posée départementalement et non au seul niveau de la métropole.
14. Créer une activité nouvelle, mixte, l’agri-énergie, qui permette à l’agriculteur de produire de l’énergie par le biais de panneaux solaires et qui chauffe la terre pour améliorer les rendements. On pourrait mobiliser l’école du paysage pour le choix d’implantation des panneaux solaires.
15. Faire du Grand Meridia un éco-quartier exemplaire avec des logements passifs, économes d’énergie.
16. Réduire drastiquement la présence de rats dans tous les quartiers de la ville en doublant dans un premier temps les effectifs du service sanitaire de la mairie.
17. Donner au maire le pouvoir de signer des permis de végétaliser pour encadrer une opération « Des fleurs sur mon mur » qui invite les citoyens à jardiner pour favoriser l’embellissement des façades.
18. Modifier le cahier des charges des projets des constructions nouvelles sur Nice. Le permis de construire ne sera délivré que si le toit, en fonction de sa forme, intègre un espace végétalisé (toit plat) ou la pose de panneaux photovoltaïque (toits pentus).
19. Créer des ateliers d’urbanisme quartier par quartier, intégrant toutes les personnes concernées au niveau local, ainsi que les élus et les responsables de l’Etat. Ce seront des carrefours, des lieux de création et d’évaluation pour une ville qui commence à bouger avec des objectifs.
20. Lutter contre la pollution lumineuse. A Nice, les nuits ne sont pas assez noires. Seuls 48 % des sites sont conformes à l’arrêté d’extinction des vitrines, bureaux et façades, 23 % respectent partiellement la loi et 29 % ne sont pas conformes.
21. Faire utiliser par la commune les ampoules oranges, orienter l’éclairage systématiquement vers le sol et pratiquer l’extinction en deuxième partie de soirée.
Annexe : Plan global pour conduire Nice et la metropole vers zero dechet