La mort en overdose
Malheureusement, il n y a plus de doute possible, la crise du Covid-19 va provoquer dans notre pays une surmortalité très importante.
La mort, ce moment tabou, intime, va poser des problèmes à plusieurs niveaux.
Les soins mortuaires
S’il y a une profession qui malheureusement ne va pas chômer dans les jours à venir, ce sont bien les pompes funèbres. Qu’ils prodiguent les soins de thanatopraxie, qu’ils soient fossoyeurs, porteurs ou chauffeurs, les employés vivent sous tension. D’autant qu’il semble avéré que le mort demeure contagieux pendant un certain laps de temps. Et le risque de saturation existe. En effet, les entreprises de pompes funèbres estiment que les décès par Covid-19, hors hôpital, pourraient être trois fois plus nombreux.
Les morgues
Nous avons voté récemment des crédits pour réhabiliter la morgue de Pasteur qui est indigne de la 5ème ville de France. Il était temps vues les conditions d’accueil. Mais ce sera trop tard. Si les prévisions des spécialistes se révèlent exactes et que la région Sud est percutée par la vague dans les jours qui viennent, la question de la conversion d’un équipement public, comme un gymnase, en morgue provisoire, pourrait rapidement se poser.
Les obsèques
On est obligé, à cause de la contagion, de voler aux familles ce moment douloureux mais qui permet de faire le deuil. Les morts, à cause du Coronavirus, meurent seuls, sans aucune visite, ni pendant l’agonie, ni après le décès. J’ai déjà eu les retours de plusieurs cas depuis quelques jours. Les familles sont désespérées de ne pas pouvoir organiser d’obsèques, de ne pas pouvoir dire adieu au défunt. Je pense qu’il va être indispensable de mettre en place une cellule de soutien car cela provoque chez les proches un immense sentiment de culpabilité.
Les capacités du crématorium
Le crematorium s’est mis en situation de doubler ses capacités d’incinération. C’est important mais cela ne réglera pas tous les problèmes d’autant que l’incinération dans notre département a du retard.
Les capacités d’accueil des cimetières
Il pourrait y avoir de la tension de ce côté là également. Je pense qu’il faut d’ores et déjà anticiper une possible saturation et accroître la capacité d’accueil du cimetière de l’Est.
Enfin, se pose la question particulière des musulmans. Traditionnellement, les musulmans rapatrient les corps des défunts dans leur pays d’origine. En ce moment, les liaisons aériennes avec le Maghreb étant interrompues, c’est impossible. Va donc se poser la question de leur sépulture provisoire ou définitive. Il faut donc en urgence augmenter la capacité d’ accueil du carré musulman. Déjà, en temps normal, lors de la cérémonie des musulmans morts pour la France, le référent du CRCM, Monsieur Bekri, avait insisté dans son allocution sur la saturation de ce carré. C’était avant le Covid-19. La question est donc urgente.