Agressions contre les élus ou le décrochage démocratique
Lu sur le profil facebook de Patrick Allemand le 26 août 2020.
Dégradation de locaux, interpellations et injures en pleine rue, actes de violences… Cette année, 233 élus ont déjà subi un acte de violence contre 383 pour l’ensemble de 2019 et 361 en 2018, soit une hausse de 14%.
Il s’agit pour l’essentiel d’élus municipaux parce que ce sont les élus de proximité qui interfèrent le plus dans notre quotidien puisqu’ils sont, entre autres, chargés de faire appliquer les arrêtés municipaux réglementant la vie communale.
Ces arrêtés sont de plus en plus perçus comme des contraintes dans une période où il y a un véritable problème par rapport à l’autorité, et où des nombreuses décisions sont, à tort ou à raison, considérées comme restrictives de libertés.
Aujourd’hui, il est difficile d’être maire, comme il est difficile d’être pompier, policier ou gendarme. Tout ce qui apparaît comme représentant les institutions est détesté par une part croissante de la population.
C’est ce qui me conduit à être favorable à des sanctions spécifiques et aggravées pour les auteurs de violence contre les élus. Une circulaire a récemment été adressée aux parquets afin qu’il y ait désormais systématiquement une réponse pénale.
Par contre, je ne souscris pas à l’idée d’une protection fonctionnelle automatique pour le maires. le Conseil municipal doit prendre connaissance du motif de la plainte et voter une délibération accordant la protection fonctionnelle. C’est un moyen de contrôle et de régulation qui permet d’éviter d’éventuels abus à des fins purement politiciennes.
Il n’est pas impossible que le niveau record des abstentions lors des dernières élections municipales soit totalement étranger à ce phénomène de violence contre les élus. On répète inlassablement que la montée du niveau de l’abstention est un danger pour la démocratie. Mais les élus ne sont-ils pas les soldats de la démocratie ?
Déjà, le 1er tour avait été marqué par une abstention record de 55,34 %, mais le second tour a encore enfoncé le clou avec 58,33 %, la ville de Nice détenant le record absolu des grandes villes avec 72,25 % d’abstentions au 2ème tour. Plus l’abstention est forte et moins les élus auront la légitimité nécessaire pour exercer leur responsabilités et porter leurs projets. Parmi ces abstentionnistes, il en figure un certain nombre qui ne se reconnaissent plus dans leur maire. C’est ce phénomène de décrochage démocratique qu’il faut observer avec attention et combattre absolument. Car c’est là dedans que l’on trouvera les futurs agresseurs.